Autour du Carnaval des Animaux

Deux pianos solistes, de Bach à Saint-Saëns.

Le Concerto pour deux claviers BWV 1062 qui ouvrira ce concert n’est autre qu’une transcription du Concerto pour deux violons en ré mineur BWV 1043. L’aboutissement polyphonique qu’y offre Jean-Sébastien Bach est d’une richesse exceptionnelle. Les instruments solistes, qui restent largement incorporés à l’orchestre dans l’exposition des thèmes, s’octroient des pages de dialogues intimistes. Le Largo central, point culminant de l’œuvre, apparaît comme un moment suspendu dans le temps ; il expose une douceur presque divine, par son thème d’une ampleur et d’une pureté absolues. Le mouvement final ramène à un Allegro dynamique, qui laisse toujours l’orchestre et les solistes sur un parfait pied d’égalité, à l’image d’un Concerto grosso.

Avec le Carnaval des Animaux, Camille Saint-Saëns développera une notoriété un peu atypique parmi ses contemporains. Cette « Grande fantaisie zoologique » fut créée à l’occasion du Mardi Gras. Le compositeur y parodiant musicalement certains de ses pairs, cette pièce était vouée à rester privée. Les premières exécutions publiques de l’œuvre, finalement autorisées par Saint-Saëns, eurent lieu quelques mois après sa mort. Du lion au cygne, en passant par les tortues, les oiseaux ou les éléphants, Saint-Saëns peint une magnifique fresque animalière. Presque aucune espèce n’est oubliée, pas même les pianistes ! Dans cette œuvre espiègle, Saint-Saëns utilise les sonorités des instruments comme un peintre utiliserait une palette de couleurs, avec une ingéniosité débordante au service d’une œuvre d’une grande originalité. Ce « tube » ravira petits et grands, comme c’est le cas depuis sa création.